L'autre bout du monde - Emily Loizeau










Je crois que je vais devoir aller vite aujourd'hui, j'ai pas ou peu de connexion, très certainement la faute au câble avec les kangourous qui est bouffé par les requins.
Je ne ai pas fait de bilan depuis un moment, mais j'ai une excuse tout à fait valable. Pour les férus de ces lignes vous n'êtes pas sans savoir que cela fait un an presque tout pile poil que nous avons reçu le mail libérateur, le mail de notre vie, le oui magique.

Il y a un an, nous savions que nous allions déménager à l'autre bout du monde, juste à l'est de la barrière de corail.

Qu'est ce que ça fait aujourd'hui ? encore pas grand chose, j'ai des matins ou je ne sais toujours pas à quel endroit je me réveil. Il me faut grosso modo dix secondes pour connecter les neurones.

Qu'est ce que j'apprécie le plus ? le fait de ne plus surveiller le thermostat du chauffage, de redémarrer la chaudière en manteau, gratter la voiture, subir le vent du nord, prendre une douche sans y passer de longues minutes en me demandant comme je vais sortir, ne plus courrier après un antibiotique, ne plus acheter de pulls ni en porter. Me coucher gelée, mettre des bas, être trempée, avoir du linge qui sèche en permanence dans la pièce de vie.

La liste est longue.

Y a t-il des choses qui me manquent ? sincèrement aucune, que ce soit personnellement ou professionnellement. Je saturai de vivre dans un monde constitué de gens sans objectifs, sans courage, sans ambition, moqueur, malade. Vivre dans les meubles de mamie autour des souvenirs des générations passées dans un monde qui ne se raccroche qu'au passé.

Est ce que je regrette des gens  ? question à la con parce qu'aujourd'hui avec internet je suis joignable via skype, en plus c'est gratuit. Forcément, il y a certainement cette histoire de cheval que je n'ai pas pu emmener...........

L'adaptation est t-elle difficile ? là encore c'est compliqué de décrire les relations qui se construisent. C'est la France, le drapeau flotte sur les bâtiments publics mais ce n'est plus la France. Parfois il faut jongler, apprendre à se prendre des scuds de la part de certains locaux, apprendre jour après jour, se faire accepter. Il y a des cons partout c'est comme tout mais pour le moment je ne suis pas chez moi.

Et le décalage temporel ? vivre à l'inverse de ce que j'ai connu depuis des années, c'est une habitude. La rentrée en février, l'hiver en juillet, Noël en été. J'ai juste le souhait de faire un sapin cette année ! il faut aimer la mer, la verdure, les montagnes, nager, les poissons, et détester la neige parce que les sports d'hiver, y a pas.

Des projets? reste en suspend la question immobilière, gros, gros point noir. C'est le seul truc casse pied avec les règles de l'emploi local. Il faut deux bonnes années pour prendre ses marques et formaliser un véritable projet parce que là c'est la quadrature du cercle.

Voyager ? déjà se balader et découvrir les lieux géographiques importants, il suffit de prendre la loiste fournie sur internet. Je rêve d'aller chez les kangourous, les kiwis, pourquoi pas le Japon finalement.

La vie courante ? il faut changer ses habitudes, on consomme moins parce qu'on a besoin de moins. Il faut chopper les sites qui pratiquent des prix attractifs. Je fais des commandes sur internet mais on mets les mêmes fringues toute l'année. Il y a des trucs plus chers d'autres moins.........le chocolat par exemple ! je n'ai pas eu trop de difficulté avec la monnaie, ensuite c'est une affaire de millions ......

Rentrer? non toujours pas. Pour faire quoi? raconter mon quotidien, aller dans la maison, faire un pèlerinage sur les cendres de mon quotidien pourri, non. Il faudra bien faire un allez/retour un jour ou un autre, quand ? aucune idée, à 200 000 le billet, plus laisser mari et enfants pendant trois semaines minimum j'avoue que pour le moment, je vais laisser de côté.

Et Dieu dans tout ça ? et bien pour le moment je n'ai rien à lui demander.



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