La fille de la bande - Renan Luce










"Avec à la clé, ce fameux tournant, où de nombreuses femmes décident de lever le pied, de renoncer à cette carrière ardemment désirée. Parce qu’il arrive un moment où perdre sur tous les tableaux, celui du boulot mais également celui de la maternité, ça va bien cinq minutes”.

Et pas seulement. En même temps mon entreprise et moi ça n'a jamais été la franche bonne entente depuis le début. Le poste assez intéressant sur le fond s'est retrouvé phagocyté par les chiffres et les statistiques diverses et variés. Or, les chiffres, les statistiques ce n'est pas du tout mon truc j'ai dû être violée par un tableur étant jeune, je suis incapable de remplir un tableau sans faire de fautes.

Je n'ai pas non plus cherché à faire une carrière, je ne suis pas faite pour ça et l'atmosphère mémère des services internes m'a toujours ennuyé.

Je n'ai jamais perdu ni plus ni moins de dossiers que mes collègues en juridiction, j'étais certes moins rigoureuse mais moins tatillonne sur certaines choses en utilisant des raisonnements beaucoup plus simplistes. 

La situation s'est franchement dégradée lorsque je suis revenue la deuxième fois, pourtant j'ai toujours opté pour un temps plein sans prendre plus que ce que la loi m'offrait sans congé patho, j'ai même prolongé de trois semaines pour finir la régionalisation ...........j'ai assuré toutes les réunions extérieures au prix de mon salaire (en plus pour financer la maison de la nounou ou ses vacances dans le sud alors que je ne pouvais pas en payer pour moi même) pour faire garder tout le monde mais quittant parfois les réunions éloignées à 16h pour ne pas faire une journée à rallonge et ne plus me reposer. Je ne compte pas les kilomètres, et l'attitude de certains qui prolongeaient à loisir les entretiens pour me faire quitter le plus tard possible le lieu de réunion.

Sur mon poste, du télétravail était envisageable puisque les inspecteurs pratiquent de cette façon et je suppute que certaines travaillent chez elles certains jours. Les logiciels existent et la carte 3 G est une formalité, les cadres en sont équipés. Sauf que de toute façon l'employeur n'est pas en mesure de faire le moindre effort. En effet, on peut admettre que c'est comme ça et qu'il faut assumer, sauf qu'au bout d'un moment, ras le bol.

La neige en hiver, rentrer en pleine nuit, rendre le véhicule après 21h parce qu'en retard sur les horaires des contrats, faire des repas en quatrième vitesse, pointer pour ne rien faire, et se faire reprocher une coiffure approximative ou une tâche de bave matinale et les laisser grandir en étant éduqués de la mauvaise façon. 

Les réunions n'ont jamais servi à rien d'ailleurs à l'heure d'aujourd'hui les mêmes problématiques sont toujours sur la table. Le plus drôle fut un déplacement pour pratiquer une visio-conférence avec horaire bloqué.

On ne m'a jamais rien reproché, mais la manœuvre de la hiérarchie a toujours été insidieuse, en diminuant à chaque fois ma sphère de compétences et en m'imposant une collègue poisson rouge qui s'est révélée plus hypocrite que jamais.  Mon salaire n'a pas été augmenté pendant plus de 9 ans, et depuis 2009 les entretiens d'évaluation n'étaient que pure forme histoire de respecter les textes internes.  En gros, il s'agissait de me décourager pour me faire démissionner.

J'ai entendu tout fort en réunion que j'étais trop vieille, visiblement j'avais aussi perdu des neurones en faisant des enfants ........c'était l'année dernière à cette même époque.J'ai trouvé un bon samaritain qui a signé le bon papier, j'ai vécu ce jour comme une libération, j'ai tout planté, tous les dossiers du jour au lendemain comme pour les faire payer de leur ingratitude.

Je suis contente de partir, je ne sais pas encore ce que je vais faire, la problématique reste la même mais le temps qui vient de passer je l'ai mis à profit pour faire autre chose...........a priori j'en sors grandi puisque j'ai bien l'impression j'aurai tout réglé en trois mois. A suivre.

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