Falling - HAIM










Le soir j'aime bien charger des trucs simples pas intellectuels, des émission bêtes, des musiques langoureuses. Là, j'essaie de regarder l'amour est dans le placard, sauf que que ça rame, ça plante, ça bug.

Je rigole, l'amour ça parait simple comme ça sur le papier, j'insiste un maximum lorsque je précise sur le papier. En définitive, l'amour c'est essentiellement du papier. On raisonne quotidiennement en numéro de sécurité sociale, en remplissage de formulaires sur lesquels il faut inscrire constamment son nom, son prénom, sa date de naissance, idem pour le conjoint, les enfants....les chats.
L'amour se conjugue en chiffre. Parfois, j'ai des trous de mémoire, je suis ridicule, quand même, je ne me souviens plus du troisième nom du cadet et je mélange les dates de naissances des uns et des autres, j'oublie l'orthographe de mon prénom.

Et oui, la conception ne maitrise pas les dates de naissances. C'est con.

J'imagine si j'avais pu choisir et annoncer tout de go à mon médecin, cette fois je veux et j’exige que cet enfant naisse à tel date parce que sur les papiers c'est plus pratique. C'est presque arrivé. J'ai joué la carte de fin d'année pour éviter d'avoir à gérer certaines formalités, je n'ai rien dit, j'ai juste piloté pour aller là ou je voulais aller.

J'ai même cumulé, naissance et décès dans la foulée. Entre pompes funèbres et maternité, acte de décès, acte de naissance, condoléances, félicitations.....papiers, re papiers. Certaines administrations me prenaient pour ma mère six mois après. Il me fallait un cahier pour ne pas oublier les dates, des dossiers dans des pochettes et me promener avec des actes de décès et de naissance dans mon sac à main.
 
Cette blague.

Finalement, donner la vie c'est presque plus simple que de remplir un bulletin de salaire de nounou, faire la saisir tous les mois, calculer les congés payés, les primes, les indemnités de repas.

Quand, j'étais enceinte le plus dur n'a jamais été d'aller à terme, de porter physiquement le bébé (oui, je l'ai déjà mainte fois décrit c'était crevant) mais ce n'était rien à côté des contrats de travail de la nounou, les saisies à deux heures du matin, les calculs à refaire.

L'allaitement c'était de la gnognote, les dents de la rigolade, la diversification une autoroute pour débile.

En plus, les carnets de santé pèsent un âne mort, tout ça pour n'utiliser que trois pages sur toute l'enfance.

Je ne pensais pas à quel point remplir la paperasse pouvait bouffer l'amour.

Parfois, il se conjugue sous forme de RIB. Quand on s'aime on monte un compte joint, un compte épargne, on se délègue les tâches, on imite la signature de son conjoint parce que basta, on fait une croix et c'est marre. On vide le compte, on fait des virements à la va comme je te pousse. Je suis lui, il est moi. Interchangeables sur les papiers.

On fait du papier, on se balade avec les passeports, on dort avec le livret de famille sous l'oreiller, parce que c'est le genre de document qu'il ne faut absolument pas perdre.

On s'est promis de ne pas vivre de nouveau dans le bazar de la paperasserie. Ce n'est pas si évident que cela même si j'ai opté pour la dématérialisation, ça reste du bricolage.

La solution, c'est très certainement de vivre à la colle, sans le reste. Mais, que serait le bonheur sans le reste ?



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